Une montée en puissance impressionnante
Le Maroc est devenu un acteur clé de l’industrie automobile africaine, remplaçant l’Afrique du Sud en tant que principal fabricant de véhicules du continent. Cette transformation ne profite pas seulement aux marchés africains, mais également à l’Europe, qui s’appuie de plus en plus sur le royaume pour répondre à ses besoins en mobilité.
Un changement historique
Pendant des décennies, l'Afrique du Sud a dominé l’industrie automobile en Afrique, en partie grâce à son statut de plus grande économie du continent. Cependant, les choses ont changé. Dans les années 2010, le Nigeria a surpassé l'Afrique du Sud en termes de PIB. Aujourd’hui, c’est au tour du Maroc de s’imposer comme le leader de la production automobile.
En 2023, le Maroc a produit environ 582 000 voitures et véhicules utilitaires légers. Selon Fitch Solutions, ce chiffre devrait atteindre près de 614 000 unités cette année, tandis que la production sud-africaine devrait chuter à 591 000 unités.
Les raisons d’un basculement
Le déclin de l’industrie automobile sud-africaine s’explique par plusieurs facteurs : une logistique industrielle de plus en plus inefficace, des taxes élevées freinant la demande locale et une forte dépendance aux exportations vers l’Europe. Près de 70 % des exportations automobiles sud-africaines vont en Europe, dont 40 % sous forme de convertisseurs catalytiques. Or, la transition vers les véhicules électriques (VE) réduit la demande pour ces derniers.
De son côté, le Maroc a mis en place une stratégie ambitieuse pour attirer des investissements dans la chaîne d’approvisionnement automobile. Cela a permis l’installation de grands groupes comme Renault-Dacia et Stellantis.
Une stratégie tournée vers l’avenir
Le Maroc se positionne particulièrement sur le marché des véhicules électriques, anticipant la demande croissante de l’Europe voisine. En témoigne la production récente du Dacia Jogger, premier véhicule hybride assemblé au Maroc, dans l’usine Renault de Tanger.
En parallèle, des investissements majeurs se concrétisent, notamment avec l’ouverture prévue en 2026 d’une gigafactory par Gotion, un fabricant sino-allemand de batteries. Cette usine, d’un coût estimé à 1,2 milliard d’euros, produira une capacité annuelle de 20 GWh.
L'impact de la Chine et les accords commerciaux
La montée en puissance du Maroc attire également les entreprises chinoises, qui y voient une opportunité stratégique. Grâce à ses accords de libre-échange avec la Chine, les États-Unis et l’Union européenne, le royaume offre aux investisseurs chinois un moyen d’échapper aux barrières tarifaires européennes et américaines.
La Cité Mohammed VI pour la Science et la Technologie, située à Tanger, devient ainsi un pôle majeur pour la fabrication de véhicules électriques et de batteries. Des centaines d’entreprises chinoises y investissent massivement, renforçant davantage l’écosystème automobile marocain.
Un avenir prometteur
Le secteur automobile représente actuellement environ 20 % du PIB marocain, et cette proportion devrait croître. D’après Fitch Solutions, la production annuelle de véhicules au Maroc pourrait atteindre 1,1 million d’unités d’ici 2033, avec une croissance annuelle moyenne de 6,8 %.
Cependant, cette ascension attire également l’attention des grandes puissances. Les États-Unis, par exemple, ont déjà exercé des pressions sur le Mexique pour limiter les incitations aux entreprises chinoises. Une approche similaire pourrait émerger en Europe vis-à-vis du Maroc.
Malgré ces défis potentiels, tout indique que l’avenir de l’automobile pour les marchés africains, européens et nord-américains sera de plus en plus marqué par le sceau "Made in Morocco".